Nécrologie. Yves Cottebrune, La Hague chevillée au corps

Fondateur d'À la découverte de La Hague pour guider les visiteurs dans les grottes de Jobourg, et fervent défenseur de la langue normande, Yves Cottebrune nous a quittés à 79 ans.

Yves Cottebrune aimait plus que tout transmettre sa passion pour les beautés de la Hague, et notamment les grottes méconnues au pied des falaises de Jobourg.
Yves Cottebrune aimait plus que tout transmettre sa passion pour les beautés de La Hague, et notamment les grottes méconnues au pied des falaises de Jobourg. (©Archives / Jean-Paul BARBIER)
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On n’apercevra plus sa silhouette crapahuter avec agilité dans les rochers de Jobourg. Ni le sourire qui illuminait son visage au moment d’embarquer un énième groupe vers les grottes magiques situées au pied des falaises qu’il chérissait tant. Yves Cottebrune, président-fondateur en 1993 de l’association « À la découverte de La Hague », nous a quittés le samedi 11 février 2023 à l’âge de 79 ans.

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« C’est impératif que l’on soit à basse mer pour pouvoir y aller, expliquait-il inlassablement aux touristes comme aux promeneurs du coin, en arpentant un bout du sentier des douaniers. Nous sommes sur le Nez de Voidries, à ne pas confondre avec le Nez de Jobourg qui est là-bas. Entre les deux, vous pouvez voir une petite plage, c’est l’anse de Sénival. La falaise est haute de 127 m, on va descendre en file indienne à l’aide d’une corde, ne vous inquiétez pas, les guides sont là pour vous aider en toute sécurité. En bas, il faudra marcher à l’intersection des rochers pour que le pied soit calé. »

« Ici, la nature est respectée »

Au bout de ce périple de cinq heures (aller-retour) par la descente des Ratournettes et le passage de Tarzan : la grotte aux Fées, la grotte du Lion et la grotte de la Grande église.

Elles servaient autrefois à la contrebande. Vous avez à l’entrée des micro-algues multicolores et, plus loin, vous verrez des lichens dorés : les gouttelettes d’eau donnent cet aspect scintillant à la lumière.

Yves CottebruneÀ l'occasion de ses visites guidées dans les grottes
La fameuse descente des Ratournettes, à effectuer à l'aide d'une corde.
La fameuse descente des Ratournettes, à effectuer à l’aide d’une corde. (©Archives / Nicolas LEPIGEON)

Né en plein cœur du Cotentin à Golleville, où il passe son enfance jusqu’à l’âge de 11 ans, Yves Cottebrune grandit ensuite à Valognes. Il a également des attaches – déjà – dans La Hague, à Auderville, où il rend souvent visite à ses grands-parents.

Après avoir commencé sa carrière professionnelle en région parisienne dans les assurances, il rentre dans son Cotentin natal et il est embauché au CEA (Commissariat à l’énergie atomique), l’usine de retraitement passant ensuite aux mains de la Cogema (devenue Areva puis Orano). Il travaille en laboratoire jusqu’à sa retraite en l’an 2000. Côté familial, « pendant toute sa vie, ses trois filles n’ont jamais quitté son cœur », soulignent ses proches.

« Les dernières années à la Cogema, il prenait ses congés d’été par demi-journées pour emmener les gens aux grottes, pour faire plaisir », se souvient Pierre Diguet, son ami depuis 40 ans, qui l’a connu sur leur lieu de travail et qui a ensuite été entraîné dans l’aventure d’« À la découverte de La Hague ».

L’association devait fêter ses 30 ans en 2023. Aujourd’hui, plus d’une centaine d’adhérents, des mordus de randonnées, ont le cœur lourd. Difficile d’imaginer l’avenir de l’association sans sa clé de voûte.

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Fervent défenseur de la langue normande

Dans une interview de 2017, il décrivait ainsi son amour pour La Hague : « C’est le territoire de mes ancêtres. Le symbole de la force de tous les éléments. Tous les petits chemins et les paysages respirent l’humilité. La Hague, elle ne se vend pas, il faut la découvrir, elle se mérite ! Et puis ici, la nature est respectée. Le Nez de Jobourg est mon endroit préféré car on y domine tout : la ville, la mer, les champs… C’est grandiose et c’est pourtant accessible. »

Ouvert, généreux, il se négligeait pour donner aux autres. Il a ainsi participé à des maraudes pendant cinq ans pour aider les SDF à Cherbourg avec Conscience Humanitaire.

Pierre DiguetAmi de 40 ans

Tous les deux, avec quelques autres amis de l’atelier de langue normande de l’association Alfred-Rossel, ils ont également animé pendant douze années (de 2008 jusqu’au Covid, plusieurs fois par semaine) une chronique en langue normande sur la radio France Bleu Cotentin. « C’était un fervent défenseur de la langue, il appelait ça nos racines. Il écrivait ses textes qui étaient publiés dans la revue Le Bouès-Jaun. »

Parmi ses autres passions : s’occuper de son jardin et « faire le cidre en ramassant les pommes avec une dizaine de copains et en utilisant un vieux pressoir du côté de Brix, il avait un certain sens de la convivialité », conclut Pierre Diguet.

Yves Cottebrune illumine la paroi pour faire découvrir les « lichens dorés ».
Yves Cottebrune illumine la paroi pour faire découvrir les « lichens dorés ». (©Archives / Nicolas LEPIGEON)

Un dernier hommage sera rendu à Yves Cottebrune ce vendredi 17 février 2023 à 9 heures, au crématorium de Brix. La Presse de la Manche adresse ses sincères condoléances à son épouse Josiane ainsi qu’à tous ses proches et ses nombreux amis.

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